Dimanche 26 avril , on s’est rendu compte juste avant de partir que les coordonnées du bivouac prévu à Mexico sont en fait celles d’une ville , Tepotzotlan , qui se trouve à une quarantaine de kilomètres au nord de Mexico . Il y a eu erreur et nous nous retrouvons pris de cours . Après être passés tout prés du centre ville et sans y trouver de stationnement , nous nous sommes dirigés vers le nord de la ville , dans le quartier des basiliques de la Guadalupe . Nous cherchons un parking gardé et avec l’aide d’un riverain en quête de pesos , nous arrivons dans un stationnement fermé ( N 19 28 943 O 099 07 155 . 10 euros par jour ) situé à côté de la station de métro Villa Basilica .
En milieu d’après-midi , nous allons nous promener du côté des deux basiliques qui se trouvent à deux pas et qui sont l’objet d’innombrables pèlerinages . La première église date de l’époque coloniale , mais elle est très mal en point . C’est la seconde basilique tout à côté sur la gauche de style moderne qui est l’objet de l’adoration des foules . Sous l’autel , on peut voir un suaire , l’image de la vierge de la Guadalupe qui a prés de cinq cents ans .
Le 12 décembre 1531 , un jeune indien , baptisé et pauvre reçut l’apparition de la vierge sur le mont Tepeyac . Au sommet de cette colline , les Aztèques avaient construit un temple dédié à Tonatzin , la mère des dieux ou notre mère . L’indien demanda que fut construite une église , ce qui lui fut refusé . Alors la vierge envoya un nouveau signe , son visage se trouva imprimé sur la tunique du jeune homme . Une chapelle fut construite puis une basilique . Les indiens , dans leur désespérance de peuple vaincu , avaient trouvé leur protectrice : la bonne mère de la Guadalupe qui est noire . Cette tunique est restée dans un état extraordinaire de conservation , ce qui est une véritable énigme pour les scientifiques . En 1910 , l’Eglise nomma la Guadalupe protectrice de toute l’Amérique latine .
SPECTACLE SUR L’ESPLANADE
MEXICO VU DE LA GUADALUPE
Lundi 27 avril , nous avons pris le métro , 0,30 euro le ticket , troisième du monde pour sa longueur , sans problèmes de sécurité , à part une rame réservée aux femmes et aux enfants . Sur certaine stations , il est tellement chargé qu’il est impossible de monter .
Et nous voici au Zocalo ou centre ville , troisième place du monde pour la surface après Tien’Anmen et la Place Rouge . Nous nous attendions à plus grand . Et malgré un ensemble : Cathédrale , Palais national , Palais du gouvernement , Temple Mayor , d’une grande unité ( toutes les pierres proviennent des pyramides Aztèques , nous avons été un peu déçus par la sévérité et le manque de couleur de l’ensemble , tout en étant très sensibles à sa majesté .
CATHEDRALE
PALAIS NATIONAL ET PALAIS DU GOUVERNEMENT
Vestiges du monument le plus important de l’empire Aztèque , la Pyramide du Temple Mayor qui mesurai 45 m de haut . Elle représentait le point de convergence des éléments , ciel , terre et inframonde ainsi que l’axe des quatre points cardinaux .
Comme toujours nous avons visité la cathédrale à la superbe façade , mais franchement penchée , un plomb gigantesque suspendu au toit de la coupole centrale permet de mesurer son degré d’inclinaison . Situation stabilisée par l’injection de tonnes de béton dans le sous-sol .
Promenade dans les rues , nous sommes lundi matin et il y a peu de monde .La ville nous a paru assez terne . Nous avons pris un tour du centre en bus ( ce que nous faisons rarement ) qui s’est éternisé . Déception , Mexico est une ville plutôt ordinaire . Cependant de nombreux et très beaux espaces verts même si Mexico a la réputation d’être la ville la plus polluée du monde . Il est vrai que depuis notre arrivée , à cause du smog , nous n’avons pas pu apercevoir le Popocatepelt , le célèbre volcan dressant ses 5422 m à 70 kms au sud est de Mexico . Popocatepelt , veut dire en indien montagne qui fume .
Mardi 28 avril , nous sommes fin prêts pour aller visiter le Palais national où nous nous réjouissons de voir les fresques soit-disant extraordinaires de Diego Rivera sur l’histoire du Mexique , Diego Rivera peintre célèbre et mari entre autres de Frida Khalo autre grand peintre mexicaine . Devant nous il y a une bonne queue et lorsque après un parcours genre disney world , notre tour de pénétrer dans l’espace arrive : patatras , il faut présenter le passeport original et non une photocopie . Nous sommes repoussés sans ménagement . Jusqu’à présent nous avions toujours utilisé les photocopies sans problème .
Nous nous dirigeons en métro vers le Musée national d’anthropologie . Superbe musée , le plus important du genre au monde qui n’a qu’un défaut pour nous , celui d’être trop copieux . Nous zappons les origines préhistoriques . Pendant la visite , nous sommes distraits par des bruits provenant de la rue : une manifestation se dirige vers le métro . Manifestation qui sera à l’arrêt lorsque nous sortirons du musée et que nous aurons plaisir à voir même si ces mots ne conviennent pas pour des gens en lutte . Nous aurons le sentiment d’être au milieu d’une grande fête avec musique , danses , stands de nourriture très colorés . Nous ne pourrons nous empêcher de constater qu’il n’y a que des indiens dans la rue comme l’autre jour à Oaxaca .
LA PIERRE DU SOLEIL CONNUE SOUS LE NOM DE CALENDRIER AZTEQUE
LE JAGUAR
Jaguar avec un récipient où l’on déposait le sang et les coeurs des victimes humaines sacrifiées . Au début du XV ème siècle , les Aztèques , de pêcheurs et chasseurs à l’origine , deviennent un peuple de guerriers . Tout est prétexte à la guerre , celle ci est étroitement liée à la religion . Ce sont les dieux eux-mêmes qui réclament les combats et décident du sort de la bataille . Pour abréger , les Aztèques , les Mayas de même provoquent des guerres pour se procurer les ennemis vaincus qui seront les victimes des sacrifices humains réclamés par les dieux .
Mercredi 29 avril : à 40 kms au nord de Mexico , se trouve le site archéologique de las Piramides de Teotihuacan . La pyramide du soleil a été achevée probablement vers 200 , c’est la plus grande d’Amérique , 63 m de haut et 215 m de côté . Nous prenons la Calzada de los Muertos ( chaussée aux morts ) qui s’étend sur deux kilomètres et au long de laquelle s’alignent les principaux monuments . Il faut imaginer les édifices surmontés de temples peints de couleurs vives . Au bout de la Calzada , nous arrivons à la pyramide de la lune . Récemment , on y a découvert des tombes contenant de nombreuses offrandes . Du haut de la pyramide , on a une vue grandiose sur le site . En revenant , nous avons fait une photo de la pyramide du soleil sous la pluie car il pleut depuis le début de la visite .
PYRAMIDE DU SOLEIL SOUS LA PLUIE
Dans l’après-midi , direction Tula , 100 kms au nord de Mexico . Nous sommes arrivés un peu tard , le site ferme à 17 h . Pour atteindre les ruines , nous traversons un bel espace vert planté de différents cactus , agaves , aloès qui commencent à être en fleurs . Tula est la capitale des Toltèques ( les envahisseurs du nord ) . La cité fut fondée au début du X ème siècle , peu après la destruction de Teotihuacan . C’est la ville où régna le légendaire Quetzalcoati , dieu et humain qui abolit les sacrifices humains mais son frère le fit échouer dans ce beau dessein . Au sommet d’une pyramide se dressent quatre atalantes , quatre colosses guerriers de 4,5 m et pesant plus de 8 t chacun . Seuls les deux du centre sont d’origine , mais ont perdu leurs belles couleurs . Nous avions commencé à photographier le mur aux serpents sculptés lorsque un gardien est venu nous chercher : l’heure était dépassée . Nous n’avons pas pu non plus aller au musée .
Jeudi 30 avril , au départ de Tula , difficultés pour prendre l’autoroute qui mène à Guadalajara . On a fini par trouver une nouvelle route qui n’est pas sur notre carte . Les paysages ont commencé à être montagneux , avec des lacs , route difficile , nous n’avançons pas . Cela nous permet de laisser l’oeil libre de vagabonder de part et d’autre d’une autoroute qui se déroule sans haies , sans arbres , sans aucun obstacle . Aux alentours de Morelia où nous n’avons fait que passer , nous longeons un immense lac avec les montagnes en arrière plan . C’est magnifique . Nous sommes sur un plateau à 2500 m. Plus on se rapproche de Guadalajara , plus les cultures sont nombreuses .
Arrivés à Guadalajara en fin d’après-midi , après pas mal de recherches , nous avons trouvé un parking gardé qui paraît tranquille . Ce sera sans compter avec la boîte un peu louche qui se trouve à côté et qui diffuse sans interruption une musique tantôt de rap , tantôt de pom pom pom pom très très lourds . On finit par se faire à la chose grâce aux boules quies .
Vendredi 1 mai , visite de Guadalajara , deuxième ville du Mexique , 1,5 million d’habitants , située à 1500 m d’altitude . Ville de la musique et de la danse , berceau des Mariachis . Nous prenons le Metrobus ( 0,5 euro ) direction centre ville mais nous nous arrêtons avant dans le quartier un peu excentré de San Juan de Dios , avec sa vieille église et son marché , beaucoup d’animation , ambiance très sympathique . Nous continuons à pied vers le centre et y parvenons par la grande place de la Libération où se trouvent le palais du gouvernement , la cathédrale , le musée régional , le théâtre et à l’extrémité libre de la place , la statue de Miguel Hidalgo, le grand héros de l’indépendance du Mexique , un modeste curé de province qui lança un appel aux armes contre la vice royauté espagnol du parvis de sa paroisse de Dolorès . Devant la statue un petit attroupement : un jeune homme chante avec beaucoup de talent des chansons révolutionnaires , nous sommes le 1 mai .
LA CATHEDRALE
PALAIS DU GOUVERNEMENT
1 MAI A GUADALAJARA
PLACE ENTOUREES DE STATUES D’HOMMES CELEBRES
Dans l’après-midi , direction Tequila qui se trouve à 60 kms . Très beaux paysages de moyenne montagne avec au loin des cultures d’agaves bleues qui donnent une couleur particulièrement belle . Tequila : capitale de la boisson nationale du même nom . Tous les villages traversés étaient déserts pour cause de 1er mai , mais lorsque nous sommes arrivés au centre de Tequila , vers l’église , il y avait pas mal de monde . Nous nous sommes garés à côté de Mundo Cuervo , une magnifique hacienda qui reconstitue le monde mexicain d’il y a 100 ans et qui est aussi l’une des fabriques de Tequila les plus connues du pays . C’était ouvert et nous avons fait une visite rapide en anglais avec une jeune et sympathique personne ( coùt : 23 euros ) . Devant les premières installations , un gros tas de bulbes d’agave qui sont restés huit ans en terre et qui vont être cuits dans des fours pendant huit heures . Lorsqu’ils en ressortent , ils ressemblent à des artichauts et ont le goùt de pommes cuites au four et un peu caramélisées . C’est bon . Mais le processus de cuisson et de fermentation ne se photographie pas . On nous fait goûter le liquide transparent obtenu qui titre 55 degrés . Ensuite la tequila sera obtenue en ajoutant du sucre d’agave pour la qualité supérieure , du sucre de canne ou de maïs pour les autres et surtout elle sera conservée dans des tonneaux de chêne . Un an pour une tequila el reposato , cinq ans pour une anejo , sept ans et plus pour une qualité supérieure . Elle prend alors une belle teinte ambrée . Rien ne se jette dans l’agave . Des feuilles on extrait les fibres avec lesquelles comme à Ochil on fait des cordages et des tapis et du compost avec ce qui reste de la plante .
TEQUILA
A la sortie de la visite nous avons pris la direction de la mer via Tepic . Nous sommes dans l’état du Sinaloa et au cours de sa traversée nous aurons plusieurs contrôles sanitaires pour les fruits et légumes . Au bout de très peu de temps , sur l’autoroute un énorme bouchon s’est formé . Nous allons attendre très longtemps , puis nous décidons de nous arrêter sur un parking pour la nuit . La circulation continuera au pas jusqu’à deux heures du matin . Le lendemain , nous passons devant les restes calcinés de plusieurs énormes camions et quelques dix kilomètres plus loin , la carcasse encore fumante d’un camion de Corona ( bière nationale ) encombre encore la voie . Nous atteignons la côte à San Blas et redescendons vingt cinq kilomètres vers le sud pour aller à Platanitos . Platanitos une toute petite plage qui se trouve dans l’échancrure de la falaise . Pour y descendre , lorsque l’on rejoint la côte , c’est assez raide . Nous pensions arriver dans un endroit isolé , c’était un peu simpliste , il n’y a pas de coin tranquille en bord de mer , il y a du monde partout . Les gens des environs viennent en bus passer la journée à la plage . Plage très exiguë , couverte de paillotes sous les quelles sont installés des restos aux terrasses très resserrées . Lorsque la mer monte , les pieds des chaises sont dans l’eau . Mais l’ensemble est superbe car la plage est entourée d’une végétation très fournie . Ici nous sommes les seuls gringos .
Dimanche 3 mai , nous avons quitté Platanitos presque à regret mais il faut avancer . Nous avons quitté la côte , il n’y a pas de route qui la suit . Nous passons Mazatlan , grande ville de la région qui se trouve à une vingtaine de kilomètres du Tropique du Cancer . Les paysages sont semi-désertique avec de temps à autre des plantations de manguiers . Nous allons rejoindre la côte en prenant la direction d’un autre bord de mer : Playa Ceuta . Ici ce n’est pas la côte rocheuse suivie d’un petit coin de plage douillet , c’est le grand large avec de fortes vagues qui se succèdent trois par trois . Il n’y a pour ainsi dire pas d’agglomération , seulement quelques maisons très abîmées , pas de végétation et cependant beaucoup de monde tout le long de la plage qui est assez étroite . Ils sont au bord , discutent , regardent la mer , boivent et mettent la musique à fond .
Depuis Platanitos nous avons fait 420 kms . Nous avions l’intention de rester demain , l’endroit n’étant pas du tout ce que nous pensions , nous allons poursuivre .
Lundi 4 mai , de Playa Ceuta à Topolobampo , nous continuons sur l’autoroute à péage que nous commençons à trouver chère , mais tellement bien . Nous passons Culiacan où la vidange du camping-car a été faite au garage Ford .
Nous sommes dans la plaine avec des champs de maïs à perte de vue , des chaines de montagnes en arrière plan et une autoroute en bien mauvais état . Nous passons à Los Mochis , grande ville de 250000 habitants , moderne . Nous tournons à gauche pour aller à Topolobampo . Guy se fait arrêter pour excès de vitesse mais après quelques échanges assez vifs le policier mexicain baisse pavillon .
Topolobampo , village de pêcheurs , construit sur une colline , l’un des ports d’embarquement pour la Basse Californie . Magnifique paysage sur la baie et les îlots montagneux avoisinants . Bord de mer très animé , des pélicans , des dauphins ( que l’on n’a pas vus ) et des promeneurs .
Mardi 5 mai , de Topolobampo à Hermosillo , l’autoroute est toujours en mauvais état , il y a des barrages de militaires et de policiers armés jusqu’aux dents pour la lutte anti drogue . Nous passons Obregon , autre grande ville , plus américaine que mexicaine . Recherche infructueuse de pneus pour le camping-car , ils n’ont pas la bonne dimension . Chaque fois dans les magasins , gens très sympathiques qui font tout leur possible pour vous satisfaire . Les plaines de maïs ont fait place à la steppe . Bivouac à Hermosillo , belle grande ville entourée de hautes collines , capitale de l’état de Sonora .
Plein de diesel ( 0,80 euro le litre ) et d’eau chez PEMEX , seule compagnie ( nationale ) distributrice de carburants et chez qui nous avons souvent trouvé refuge .
BIERE NATIONALE
Mercredi 6 mai , de Hermosillo à Nogales , ville frontière avec les USA . A la sortie d’Hermosillo , au péage d’autoroute , nous voyons un bureau d’assurances auto pour les USA et par la suite nous en verrons plusieurs , y compris près de la douane ( prix d’appel de 6 à 9 dollars par jour ) . Il était donc inutile de se précipiter sur internet pour contracter une assurance assez chère .
Ce matin , nous avons trouvé des pneus , légèrement plus petits ( 2 pneus : 250 euros ) .
Nous sommes restés 26 jours au Mexique et nous avons parcouru 5670 kms . Du Yucatan touristique au Chiapas authentique , en passant par les sites pré- colombiens , les villes coloniales , les côtes atlantiques et pacifiques très diverses , le nord très moderne , nous avons essayé de rendre l’essentiel d’un pays aussi immense .
Nous en sommes à la dernière partie de notre voyage , nous voulons remercier toutes les personnes qui s’intéressent à ce parcours et en particulier celles qui nous ont envoyé de sympathiques messages que nous avons bien appréciés .